dimanche 20 mars 2016

Au sang qu'un Dieu va répandre

Il s'agit ici du très célèbre cantique de la Passion du Christ. Au jardin des olives, Jésus voit toutes les souffrances qu'il doit endurer: il soutient alors un rude combat contre la nature, mais son amour triomphe et lui fait accepter le calice très amer de sa mort. Survient Judas qui par un baiser le livre à ses ennemis: triste image des pécheurs hypocrites qui prétendent tromper Dieu en couvrant leur fond vicieux sous un masque de vertu. Les soldats s'emparent ensuite de Jésus et l'emmènent avec grande cruauté au grand-prêtre qui le condamne comme blasphémateur. St Pierre qui par peur venait de le renier se ressaisit bientôt après, touché par un regard plein de tristesse et de compassion de son Maître. Conduit chez Pilate, le Saint des Saints est mis en parallèle avec un brigand qui lui est préféré... On lui fait subir alors une très cruelle flagellation, et on lui enfonce sur sa tête sacrée une couronne d'épines qui la lui déchire horriblement: par ces supplices, il condamne éloquemment notre mollesse. Enfin, ayant lui-même porté sa croix jusqu'au Calvaire, il y est crucifié; là, il prie son Père de pardonner à ses meurtriers, nous donnant ainsi un sublime exemple d'héroïque charité.

Premier couplet du cantique avec partition pour quatre voix mixtes :

 


Ce cantique peut également être écouté intégralement ici.


Couplet musical en boucle pour accompagner les chanteurs :

 


 

Paroles du cantique avec indication des liaisons :

 

Un pied souligné est à maintenir durant le chant sur la note suivante.

1
Au sang qu'un Dieu va répandre,
Ah ! mêlez du moins vos pleurs,
Chrétiens, qui venez entendre
Le récit de ses douleurs.
Puisque c'est pour vos offenses
Que ce Dieu souffre aujourd'hui,
Animés par ses souffrances,
Vivez et mourez pour lui.

2
Dans un jardin solitaire
Il sent de rudes combats ;
Il prie, il craint, il esre,
Son cœur veut et ne veut pas.
Tantôt la crainte est plus forte,
Et tantôt l'amour plus fort ;
Mais enfin l'amour l'emporte,
Et lui fait choisir la mort.

3
Judas, que la fureur guide,
L'aborde d'un air soumis ;
Il l'embrasse, et ce perfide
Le livre à ses ennemis.
Judas, un pécheur t'imite
Quand il feint de l'apaiser :
Souvent sa bouche hypocrite
Le trahit par un baiser.

4
On l'abandonne à la rage
De cent tigres inhumains :
Sur son aimable visage,
Les soldats portent leurs mains.
Vous deviez, Anges files,
Témoins de ces attentats,
Ou le mettre sous vos ailes,
Ou frapper tous ces ingrats.

5
Ils le traînent au grand-prêtre
Qui seconde leur fureur,
Et ne veut le reconnaître
Que pour un blasphémateur.
Quand il jugera la terre,
Ce Sauveur aura son tour :
Aux éclats de son tonnerre,
Tu le connaîtras un jour.

6
Tandis qu'il se sacrifie,
Tout conspire à l'outrager :
Pierre lui-même l'oublie,
Et le traite d'étranger ;
Mais Jésus perce son âme
D'un regard tendre et vainqueur,
Et met, d'un seul trait de flamme,
Le repentir dans son cœur.

7
Chez Pilate on le compare
Au dernier des scélérats :
Qu'entends-je ? ô peuple barbare,
Tes cris sont pour Barabbas !
Quelle indigne préférence !
Le Juste est abandon,
On condamne l'innocence
Et le crime est pardonné.

8
On le dépouille, on l'attache,
Chacun arme son courroux ;
Je vois cet Agneau sans tache
Tombant presque sous les coups.
C'est à nous d'être victimes :
Arrêtez, cruels bourreaux !
C'est pour effacer vos crimes
Que son sang coule à grands flots.

9
Une couronne cruelle
Perce son auguste front ;
À ce chef, à ce mole,
Mondains, vous faites affront.
Il languit dans les supplices,
C'est un homme de douleurs :
Vous vivez dans les délices,
Vous vous couronnez de fleurs !

10
Il marche, il monte au Calvaire,
Chargé d'un infâme bois ;
De là, comme d'une chaire,
Il fait entendre sa voix :
« Ciel, dérobe à ta vengeance
Ceux qui m'osent outrager ! »
C'est ainsi, quand on l'offense,
Qu'un chrétien doit se venger.

11
Une troupe mutie
L'insulte et crie à l'envi :
« Qu'il change sa destie,
Et nous croirons tous en lui ! »
Il peut la changer sans peine,
Malgré vos nœuds et vos clous ;
Mais le nœud qui seul l'enchaîne,
C'est l'amour qu'il a pour nous.

12
Ah ! de ce lit de souffrance,
Seigneur, ne descendez pas ;
Suspendez votre puissance,
Restez-y jusqu'au trépas.
Mais tenez votre promesse :
Attirez-nous après vous ;
Pour prix de votre tendresse,
Puissions-nous y mourir tous !

13
Il expire, et la nature
Dans lui pleure son auteur ;
Il n'est point de créature
Qui ne marque sa douleur.
Un spectacle si terrible
Ne pourra-t-il me toucher ?
Et serais-je moins sensible
Que n'est le plus dur rocher ?


Téléchargement des paroles :